Alexandre Jagot, Chef de Service Etudes Economiques à l’UIMM, décrypte chaque mois la conjoncture économique française. Une expertise rare & précieuse, mise à disposition du réseau des UIMM Territoriales pour mieux comprendre l’environnement dans lequel évolue l’industrie française.
Les cours mondiaux des matières premières avaient connu une faible correction durant les premières semaines de la crise sanitaire du printemps 2020, excepté le pétrole. Ils ont sensiblement grimpé ensuite (quasiment + 70 % en dollars entre juin 2020 et juin 2021), pour se maintenir à un niveau élevé au second semestre.
De nombreuses familles de produits ont été concernées par la flambée de l’an dernier, y compris le pétrole quoiqu’un peu plus tardivement. Le gaz s’est joint au mouvement d’ensemble, entraînant avec lui l’électricité. Dans ce contexte, les gouvernements européens ont annoncé des mesures transitoires de soutien à destination des entreprises et des ménages.
Une nouvelle augmentation des cours des commodités s’est enclenchée ces toutes dernières semaines. De surcroît, le coût du fret maritime, qui avait légèrement reflué à la fin de l’an passé (en même temps que les industriels signalaient un début d’atténuation des difficultés d’approvisionnement, notamment aux États-Unis, en Allemagne et en France), connaît une nouvelle ascension. La normalisation des échanges prendra encore du temps, en particulier pour les semi-conducteurs.
Au-delà de la vitesse d’amélioration des flux logistiques, l’évolution des cours ces prochains mois (notamment des métaux) dépendra comme souvent de la conjoncture en Chine : la production d’acier ou d’aluminium y représente plus de la moitié de la production mondiale. Elle dépendra aussi de la situation géopolitique et plus particulièrement du dénouement de la crise entre la Russie et l’Ukraine ; un conflit armé conduirait à une nouvelle progression pour nombre de produits comme le gaz, le pétrole, mais aussi certains métaux précieux (palladium, platine) et céréales (blé, orge).
Plutôt qu’une augmentation généralisée, le Cercle Cyclope retient un relatif rattrapage : les cours mondiaux des matières premières se raffermiraient de 4 % en moyenne annuelle 2022 (après un rebond de près de 50 % en 2021).
La hausse des coûts de production qui en découle ne se transmet ni immédiatement, ni complètement aux prix à la consommation. Il n’empêche, dans sa note de conjoncture parue en juillet dernier, l’Insee estimait que le renchérissement des cours des produits de base expliquerait près de la moitié de l’inflation d’ensemble en 2021 en France.